Quel beau potentiel qu’est celui que le Brésil possède en
son cœur. Un grand pays ensoleillé de deux cent six millions d’habitants, une
septième puissance mondiale qui gagne chaque année un peu plus en prospérité,
le siège du plus long fleuve du monde, et bien sûr des deux-tiers de l’Amazonie.
L’Amazonie. Qu’est-ce qu’elle vous évoque, cette région ? Une
forêt, sans doute, mais pas n’importe laquelle : la plus grande du
monde ! Des millions d’espèces végétales et animales y résident. Des
centaines d’espèces différentes de mammifères, d’oiseaux (particulièrement
nombreux et divers), de poissons et autres. Or cette aubaine n’est pas
envisagée de la même manière pour tous. Certains y voient une nature exubérante
à scruter dans les moindre détails, tandis que d’autres ne visualisent que
l’argent qui pourrait en être extrait. Non, ce n’est pas une légende. Il ne
s’agit pas que d’uniques quelques mètres carrés déboisés. C’est un véritable
danger à l’échelle mondiale qui s’installe depuis plusieurs années.
La forêt amazonienne n’est pas l’unique forêt du Brésil,
c’est simplement celle dont il reste encore la plus grosse part. Nous pouvons
ainsi citer la forêt Atlantique, près de la côte, dont il ne reste plus
grand-chose : seulement 7,3% de sa superficie initiale. A la place, on y
retrouve de grandes villes, de nouveaux emblèmes… et probablement des milliers
de cadavres invisibles, ceux de toutes sortes d’espèces dont on ne parlera plus
jamais. Alors, on rase ce qu’il reste ou on ouvre les yeux ?
La forêt amazonienne ne suivra probablement pas le même
dessein que celle Atlantique. Le climat y est moins agréable, il est peu
probable qu’une nouvelle capitale y émerge. Mais la surface est bien plus
grande, ainsi elle présente un aspect très alléchant économiquement. Il parait
en effet intéressant de la rentabiliser dans le but de faire fonctionner le
pays grâce aux gains tirés. Pas de panique, vous allez comprendre ce que cela
veut dire.
Quelles sont donc les menaces réelles ?
Malheureusement, il y en a un certain nombre : l’élevage et l’agriculture
illégaux, les exploitations minières, le braconnage, les extractions de pétrole
et de gaz, les captures illégales de toutes sortes d’animaux, la contamination
de l’eau et des sols, la construction d’infrastructures polluantes comme des
barrages, les incendies volontaires pour dégager le terrain… toutes ces formes
de déforestation et d’autres tortures égoïstes conduisent ainsi le Brésil à un
bien triste état. Des zones entières de la forêt amazonienne sont aujourd’hui
complètement polluées, voir inhabitables pour quiconque. Un constat plutôt
aberrant lorsque l’on sait que des peuples entiers d’amérindiens vivaient dans
cette forêt. Leur population s’est réduite de quelques millions. Le meurtre est
un crime, alors pourquoi n’y a-t-il ici aucune condamnation ? Les
bénéfices sont-ils importants au point de tuer ? Cela voudrait-il dire que
l’argent est devenu plus fort que son propre créateur au point de nous rendre
fous ?
Reprenons donc quelques points. Ces feux de forêts,
volontaires, comme il est noté ci-dessus, quel en est le vrai risque ? Bien
sûr, ils sont difficiles à maitriser et réduisent à néants des habitations
d’animaux –les animaux en eux-mêmes, d’ailleurs-, des arbres, diverses plantes
… Diverses, s’il est possible de l’écrire, puisque ces feux la réduisent
considérablement, cette diversité. On dénombre 627 espèces animales en voie de
disparition au Brésil. L’argent est ainsi plus puissant que l’eau, que les
arbres, que les animaux, que nos semblables. Or l’argent ne nous immunise pas. C’est
avec joie que vous apprendrez que ces incendies volontaires représentent ¾ des
émissions de CO2 dans le pays. Les remparts de billets ne protègent pourtant
pas contre les cancers. On continue ?
Pour tous ceux sensibles à la cause animale, vous ne serez
pas déçus non plus. Les captures d’animaux en tous genres représentent le
troisième commerce le plus lucratif au monde, après les drogues et les armes (cela
rapporterait environ deux milliards de dollar aux trafiquants). Aucune espèce
n’est épargnée (oiseaux, pumas, singes, tortues, serpents…). Ce sont 38
millions d’animaux qui sont capturés frauduleusement au Brésil chaque année. Les
bas prix à la vente encouragent ces trafics, que l’on retrouve dans un nombre
faramineux d’animaleries un peu partout dans le monde. 90% des animaux meurent
pendant le transport. Il existe bien des centres de réinsertion pour tenter de
remettre en liberté les animaux trouvés et saisis des mains des trafiquants par
l’Etat, comme le centre de tri d’animaux sauvages (Cetas) à Rio de Janeiro.
Malheureusement, les bêtes ont
généralement été trop maltraitées pour pouvoir retrouver une vie normale
(impossibilité de voler etc.). Même les zoos déjà surpeuplés ne peuvent pas les
accueillir… Seul 20/30% d’entre eux peuvent ainsi retrouver une vie normale.
Vidéo montrant les animaleries typiques participant à ces trafics.
Les captures et le braconnage continuent de sévir malgré les
interdictions. 627 espèces au Brésil sont en voie de disparition, selon le
ministère de l’environnement. Voyez-vous à quoi ressemble l’ara de Spix, le
beau Blu du dessin animé Rio ? Il n’en reste plus que quelques
dizaines en captivité, peut-être que certains individus ont été aperçus en
liberté. L’espèce semble condamnée, comme bien d’autres.
Certaines activités humaines ont également des répercussions
plus importantes que ce dont on a l’impression au premier abord. Les barrages
ont vraiment des fins dévastatrices, par exemple. Ils inondent des terrains
complets, pour en général un faible rendement. Peut-être avez-vous entendu
parler du scandale de Belo Monte, censé être le troisième plus gros barrage du
monde. De nombreuses figures se sont dressées contre, du célèbre chef indien
Raoni, jusqu’au chanteur Sting. Malgré toutes ces oppositions, le projet semble
être toujours d’actualité, bien que peu d’informations récentes soient
parvenues à ce sujet. D’un autre côté, il s’agissait d’un projet de barrage
hydroélectrique, alors vaut-il mieux abandonner le projet et préférer le
nucléaire ? Il s’agit d’un véritable sac de nœud, dont on n’envie aucun
aboutissement. Il faudrait envisager d’autres énergies renouvelables, mais le
Brésil est-il prêt à investir autant dès aujourd’hui ? On en doute…
Tuira Kayapo et sa machette, s'opposant à la destruction de son habitat.
Qui dit nombreux habitants dit besoins de consommation accrus.
Le Brésil est un parfait exemple d’agriculture excessive, dont le pays puise
une partie de sa richesse. C’est le premier producteur de viande bovine et de
volaille. Ces élevages représentent en réalité 80% de la surface déboisée :
une grande majorité de la forêt est ainsi détruite à ces fins. Sans oublier
qu’il faut environ 15 500 litres d’eau pour produire 1kg de viande de bœuf.
Cela engendre une pollution des eaux, ainsi que des mauvaises conditions
d’élevage, donc de la souffrance animale… Il y aurait même un surplus de
production par rapport à la demande. On peut aussi citer la culture de canne à
sucre utilisée pour l’éthanol, de café, de soja… On estime actuellement que 18%
de la forêt amazonienne a déjà été rasée. Ce chiffre est alarmant, évidemment,
mais il y a tout de même une chance de faire marche arrière si l’on agit dès
maintenant.
Le problème principal est sans doute le peu d’intérêt que
porte l’Etat à ce problème majeur. La pression des lobbies représentant le monde
agricole engendre des lois assouplissant leur travail, qui leur sont accordées,
alors que tout le monde sait qu’elles dégradent encore un peu plus notre
quotidien (dispense de reboiser ce qui a été déforesté, réduction des zones
protégées…). Pourtant, le Brésil ne pourra pas continuellement mettre en œuvre
une politique de l’autruche. Certains chiffres ne trompent pas :
l’empreinte écologique par personne dans le pays est par exemple supérieure à
la moyenne mondiale (3 hag contre 2,6 hag). C’est un signe qui montre que le
problème est bien enraciné dans la culture de la population. Mais d’autres débordements sont de plus en
plus inquiétants : le taux de pollution de l’air des grandes villes
brésiliennes dépasse largement les limites tolérables établies par l’OMS. Nous
en revenons toujours au même cercle vicieux, puisque cette pollution provient
principalement de l’exploitation du bois et des feux…
Malgré le fait que le Brésil repose en grande partie sur son
exploitation des arbres, pourquoi ne pas entamer un changement de méthode dans
la manière de rendre la nation prospère, un virement moins désastreux ?
Hélas, le phénomène est déjà fixé sur de véritables réseaux mafieux qui sont plus
difficiles à démanteler que ce qu’il y parait.
Les coupes de bois illégales sont communes. Quelques
explications sur leur fonctionnement : le bois arrive sur le marché brésilien
après avoir été « blanchi » à l’aide de documents obtenus
frauduleusement. Ceci s’explique par la vente de bois basée un système de
« crédit de coupes » (la quantité commercialisée est traduite en
nombre de crédits) très facilement manipulable par des trafics . Entre les
Etats, les systèmes contrôlant ces crédits de coupes sont différents, ce qui
permet les fraudes. Plus précisément, des crédits reviennent à l’entreprise
vendeuse alors qu’ils devraient être transmis à l’entreprise acheteuse :
l’entreprise acheteuse les réclame alors, et c’est l’agence environnementale
qui rembourse ce déficit (alors que cela ne devrait pas être à eux de le
faire). Les crédits sont ainsi doublés tout en donnant l’impression que tout
cela soit légal, en faveur de l’entreprise vendeuse. D’un autre côté, certaines
entreprises reçoivent l’autorisation de récolter certains bois (comme l’Ipé
précieux) alors que l’on se rend ensuite compte que l’Ipé ne poussait pas dans
la région qu’ils ont eu l’autorisation de déboiser (ex : société
Tecniflora)… Pas de doute : incompétence, non vérification, l’Etat est
toujours aussi peu rigoureux sur la surveillance. Nous devons d’ailleurs une
majorité de ces informations à la société Greenpeace, qui a fait un travail de
recherche formidable. Le taux de déforestation a très légèrement ralenti autour
de 2012, mais il a reprit de l’ampleur peu de temps après. On estime que 50% de
la superficie actuelle de l’Amazonie va disparaitre dans les prochaines années.
Les chiffre est plutôt logique puisque la surface d’un terrain de football
disparait toutes les sept secondes environ en Amazonie. Et encore, ce sont les
estimations les moins alarmantes parmi les moyennes admises selon les sources.
Il est d’ailleurs étonnant que l’on ne parle pas plus que
cela des terrifiants problèmes que traverse le Brésil. Certes, nous sommes tous
plus ou moins au courant d’une déforestation alarmante au sein du pays, mais lequel
d’entre nous serait capable d’argumenter sur la rupture des barrages miniers à
Mariana dans le Minas Gerais ? Cet évènement est pourtant l’un des plus
désastreux étant survenu ces dernières années. Un véritable Fukushima brésilien
dont on ne prononce pas le nom. Ainsi, en 2015, la rupture de deux barrages
miniers a contaminé toute la région. Le village de Bento Rodrigues a été ravagé
par des coulées de boue toxique (un mélange constitué de terre, de silice, de
résidus de fer, d’aluminium et de manganèse). On retrouve désormais dans les
eaux proches du mercure, du plomb, des métaux lourds. Dix-sept personnes on été
tuées, des dizaines blessées, et on ne compte pas les centaines d’animaux morts
sur le coup. Plus rien ne pourra repousser dans la zone avant longtemps. La
rivière Rio Doce, qui elle-aussi a été contaminée, a d’ailleurs été rebaptisée
Rio Morto. La rivière morte. Un paradoxe lorsque l’on sait que l’Amazonie
contient 1/5 des réserves d’eau douce du monde.
Qu’en est-il de la réputation de poumon de la Terre
attribuée à la forêt Amazonienne ? A vrai dire, le surnom est usurpé, la
forêt ne fournit pas d’O2 pour le monde entier, pour la simple et bonne raison
que les arbres produisent du CO2 en mourant. Par contre, la forêt retient une
énorme réserve de carbone en son sein. Carbone qui se libère dans l’atmosphère lors
de la déforestation. Ainsi, la forêt amazonienne ne sauvera sans doute pas
l’humanité, mais sa fin pourrait précipiter la notre.
En résumé, vous êtes heureux (ou pas) de connaître toutes
ces informations, mais en quoi les problèmes du Brésil vous concernent-ils
directement ? Vous apprendrez, puisque vous êtes sur une bonne lancée, que
la France est le premier importateur européen de bois amazonien. Légal ou non,
on ne sait plus vraiment. Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de meubles ou
d’instruments de musique, il est en votre pouvoir de vérifier l’origine du bois
utilisé. Aucun mystère : pour prendre part au combat, il vous suffit de dire
non bois brésilien. Refusez de l’imposer dans votre vie, puis constatez le
résultat. S’il n’y a plus d’acheteurs, il n’y a plus de raison de vendre et de
continuer le trafic. Contrairement à ce que l’on pense souvent, le moindre petit
geste peut avoir un énorme impact. Il en est de même pour tous les autres
points abordés dans cet article : il faut évidemment refuser d’acheter des
êtres vivants en animalerie, sans quoi vous prenez le risque d’encourager un
ignoble trafic (même si vous achetez un animal qui n’a rien à voir avec le
Brésil, il ne faut pas oublier que l’argent que vous avez fourni à l’entreprise
pourra être réinvesti dans ce trafic). Les choses ne changeront pas d’un coup,
mais il est réaliste de garder espoir.
On compte sur vous, l’avenir est entre vos mains.
Protection d'un Monde Animal
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Sources :